Sous le soleil d’Agen, la femme du préfet ne supporte plus la situation. Laquelle ? La sienne.
de Thomas Boudie
La pire lutte des classes, c’est celle qui se joue au sein même du couple. Lorsque même l’amour ne peut rien pour combler le fossé qui sépare les éducations.
Extrait
« Si Alice avait su choisir, elle aurait sûrement gardé son nom. Au début, elle avait aimé son nom d’épouse comme un carnaval, l’éblouissement discret dans les yeux des figurants de sa vie : l’esthéticienne, la femme de ménage, la secrétaire médicale, les amies et les femmes de collaborateurs. Porter un nom prestigieux, elle n’avait jamais vécu cela. Outre-mer, ce nom brillait comme une couronne, il était une distinction et on l’abordait avec crainte et respect. Ensemble, ils portaient un honorable fardeau, le nom même de l’État au plus loin de son centre. Ici, en métropole, les Jasmin-Prayssas s’imposaient en vieille gloire. »
Originaire d’Agen (ses pruneaux, son rugby, son canal, son soleil, ses ruelles anciennes), grandi à la Réunion (ses volcans, ses piments, ses vagues, ses saucisses), Thomas Boudie a enseigné dans un collège zep (zone d’éducation prioritaire) durant une quinzaine d’années, où il a participé à de nombreux projets pédagogiques stimulants, avant de rejoindre un établissement du centre de la ville riche. Durant toutes ces années, il semble qu’il ait écrit, à ses heures libres. La nuit des éphémères est son premier livre, bientôt suivi, chez le même éditeur, de Vers les abysses.