Dans notre société de consommation et de services publics, la mort d’un enfant n’est pas prévue.
Texte et illustrations Marie Sellier
Collection Les soirs courts
Thème : L’adieu à un nourrisson, adieu escamoté par le fonctionnement de l’hôpital et par la peur énorme d’une mère de 25 ans.
Auteur d’une centaine de livres, Marie Sellier nous offre un texte très brut et très tendre à la fois, accompagné de ses encres qui racontent l’histoire parallèle d’un arbre qui hante le récit. Un livre éclairant sur notre manière contemporaine d’aborder la vie… et la mort.
ISBN : 978-2-490828-01-2
48 pages
« Ce n’est pas ta mort que je n’accepte pas. Au bout de tant d’années, il a bien fallu que je m’y fasse. La mort, ça s’impose, ça ne finasse pas, la mort : bing ! terminé, écran noir, il faut passer à autre chose, on n’a pas le choix. Ça sonne comme une lapalissade mais la vie appartient aux vivants. Non, ce qui ne passe pas, ce qui ne passera jamais, c’est ma désertion. Ce n’est pas la mort qui nous a séparés, c’est moi qui ai fui.
Je t’ai abandonné alors que tu étais vivant. »
La romancière Ariane Bois a écrit une jolie critique d’Énorme sur le site du Salon littéraire :
« C’est l’histoire d’une mère fascinée par son bébé nouveau-né, comme toutes celles qui l’ont précédée dans la grande aventure de la maternité : elle détaille « ses ongles nacrés adorables », ses petits pieds fripons, son visage parfait.
Mais très vite, la jeune maman se rend compte que quelque chose ne va pas ; le cœur du petit ne travaille pas comme il faut. La suite, ce sera l’hôpital, opération, terreur, impuissance et ravage. Jusqu’au visage grave des médecins et le coup de fil au petit matin si redouté.
Dans ce récit de deuil, Marie Sellier, présidente de la Société des gens de lettres, manie l’émotion et la délicatesse, cisèle ses phrases et ses sentiments pour offrir à son fils la plus belle des lettres d’amour. Énorme, c’est son chagrin, mais aussi sa culpabilité. Car la maman de ce si petit garçon se flagelle : à l’hôpital, elle s’accuse de fuir, de ne pas avoir tenu son fils dans ses bras une fois encore, d’avoir essayé d’échapper ainsi au chagrin et à la mort. En vain bien entendu.
Alternant la poésie de ses dessins, des encres qui symbolisent un arbre, arbre de chagrin, mais aussi de vie et la vérité la plus crue, elle nous emmène dans un voyage plein de sensibilité, de remords et de regrets. On aimerait tant la rassurer : ce bébé si fragile, cette « petite flamme unique », il appartient désormais à tous les lecteurs. Cette nouvelle bouleversante est l’un des premiers textes d’une toute nouvelle maison d’édition spécialisée dans le genre, la maison Malo Quirvane, qu’il convient aussi de saluer ici.
Ariane Bois », le 31 mars 2019 sur le Salon Littéraire